L’HONNEUR DE BÂTIR : Ier CONGRES DES ARTISTES ET INTELLECTUELS NOIRS – PARIS, 1956 |
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Afrique ! construis des espaces qui donnent vie au temps, redécouvre la profondeur réelle et imaginaire de ton art. Il y a trente ans déjà, le congrès des intellectuels et Artistes Noirs à Rome interpellait les bâtisseurs africains en ces termes ! L’ampleur et la complexité d’une telle problématique à mener dans le cadre immense du monde négro-africain d’alors impliquaient selon Albert MANGONES1, aussi bien une rectitude de méthode qu’une maîtrise d’organisation des données essentielles du bâtir et de l’habiter négro-africains inséparables des responsabilités des nouveaux bâtisseurs : Pour qui bâtir ? Que bâtir ? Comment bâtir ? Comprendre et définir l’homme d’aujourd’hui pour qui demain, s’élèveront des logis, les écoles, les usines, les monuments ; comprendre et définir cet homme d’aujourd’hui, en fonction de l’homme qu’il fut hier et de celui qu’il sera demain ; comprendre et définir cet homme en fonction de ce qu’il a su bâtir jadis et de ce qu’il devra savoir bâtir lui-même demain. L’art nègre ayant de tout temps été associé à l’habitat, il conférait à celui-ci une profondeur concrète dans la double dimension du réel et de l’imaginaire. Ainsi, de la statuaire aux formes bâties, la maison africaine était chargée de signes-symboles possédant d’étranges vertus selon les champs d’énergie entrant en jeu.
Selon lui, le bâtisseur africain était initialement un érudit, un initié capable d’assimiler les connaissances léguées par les anciens et les sages avec pour charge de les transcrire dans la forme et le matériau pour que la lumière « s’incarne » dans la matière de l’édifice. Pour ce faire, le bâtisseur était initié au langage des symboles, au symbolisme des couleurs, à l’expressionnisme des formes ainsi qu’aux techniques prodigieuses de son époque… En réalité, les sages l’initiaient au sens du rythme et à la perception de la vibration qui est en toute chose afin que dans la réalisation du milieu artificiel qu’il était appelé à créer, que ses actes soient dotés d’une réelle conscience et d’un profond respect envers la vie. Aujourd’hui encore, ce retour aux sources s’impose comme un processus d’auto-acculturation devant nous permettre de saisir la réalité de notre situation d’hommes en cette fin de siècle.
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